Entre « shaper » et surfer, Greg Williams a trouvé son équilibre

• 7 juillet 2015

Bienvenue dans le van de Greg Williams

Une carte d’Europe déjà bien griffonnée et quelques vieux billets d’avion derrière le pare-brise, des combis, des outils et de la bouffe sur les sièges arrières – histoire d’être autonome pour un max de temps – et trois ou quatre planches dans le coffre et sur le toit pour parer à toutes les conditions. Le van de Greg Williams transporte plus qu’un passionné de surf ; il véhicule tout un mode de vie.

Mais comment vivre à fond sa passion du surf dans un pays plein de montagnes et sans accès à la mer, un « landlocked » comme on dit dans le jargon ? Si la Suisse ne lui permet pas de pratiquer son sport favori, le Vaudois de 30 ans y a trouvé un équilibre rare pour rester en phase avec la philosophie du surf, même loin des grands espaces aquatiques.

Bien plus proche du Léman que de la mer, l’atelier de Greg est le théâtre de créations rares et sûrement uniques en Suisse. Le surfeur y pratique en effet un art que très peu d’artisans suisses ont exploré, celui de « shaper » – façonner en français – des planches de surf en bois issus des forêts romandes.

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Des surfs « Made in Switzerland » 100% renouvelables

Ayant toujours vécu dans le milieu du surf, Greg décide un jour de créer sa propre planche, taillée en fonction de son gabarit et de son style de ride. Il s’inspire alors des photos de son père, surfeur des 70’s dans le Cornwall et le Devon (en Angleterre), pour dessiner « des planches retro qui apportent un ride mélo et des courbes plus douces que beaucoup assimilent à une danse pour les dieux des océans ».

Et à travers le savoir-faire du surfeur, les sapins suisses dansent aussi sur l’eau. « Il était clair pour moi que je ne voulais pas shaper une planche de manière “traditionnelle“ en pain de mousse issu de l’industrie du pétrole, avec de la fibre et de la résine : des composants toxiques et nocifs à l’égard du milieu dans lequel se pratique le surf. Je tente depuis 5 ans d’effacer ce paradoxe. Pour faire un pas en avant dans l’élaboration de planches plus responsables, je me suis vite tourné vers le bois, une matière naturelle que j’affectionne tout particulièrement. »

Dans les pas du célèbre shaper de Hollow Surfboards, Tom Blake, et avec les conseils de son ami menuisier Loïc Delafontaine, le Vaudois a adopté une technique de fabrication inspirée des ailes d’avion, utilisée par les shapers les plus téméraires du monde du surf. Une ossature en bois, assemblée et encastrée à la façon des casses-têtes chinois, de la résine naturelle et des fibres de lin ; les surfs de Greg sont produits avec des matériaux bio-sourcés produits localement et 100% renouvelables.

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Une vie de surf et d’eau fraiche

La passion du surf a emmené Greg aux quatre coins du monde. Nouvelle Zélande, Australie, Fiji, Islande, Amérique du Sud, Indonésie, Norvège,… loin des spots populaires et bondés de gros bras se disputant les mêmes vagues, l’Anglo-suisse préfère dénicher des endroits où il est possible de ressentir la liberté et le sentiment de communion avec la nature que procure le fait de surfer une vague.

« J’ai été baigné dès le plus jeunes âge dans le monde du surf grâce à mon père, que j’ai perdu à l’âge de 16 ans. Il m’a donné goût au sport de glisse et m’a permis de développer un très haut sens de ce qu’est la notion de la vie. J’ai développé une sensibilité très forte à orienter ma vie grâce à mes rêves. La meilleure voie que j’ai trouvée, c’est les grands espaces : la montagne et l’océan, c’est dans ces espaces que j’arrive à me libérer et comprendre beaucoup de chose sur la vie. L’océan et ma planche, ça colle parfaitement à ma philosophie. »

Une philosophie consciente de l’impact négative que l’humain peut avoir sur son environnement et qui veut renouer les liens perdus avec mère nature. « Le surf est non seulement un sport mais un mode de vie sain et bon pour l’esprit. Physiquement et mentalement très demandant, il nourrit notre bien-être. C’est pourquoi nous avons créé avec un ami, l’association romande de surf pour promouvoir cette philosophie de vie tout en sensibilisant nos membres à l’impact qu’a le surf sur l’environnement et en proposant des camps et des sorties ».

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Comment faire surfer la Suisse ?

Partager sa passion pour le surf et son amour pour la nature, innover dans la fabrication de planches écolos et responsables et sensibiliser les gens à nos habitudes nocives envers la nature, c’est la façon dont Greg Williams fait chaque jour avancer la Suisse. On lui laisse le mot de la fin.

« Nous n’allons pas révolutionner le milieu, car il y a bien trop de planches qui se fabriquent autour du monde à la minute. Une méthode écologique n’est pas envisageable pour le moment à une grande échelle. Mais mon but est de participer à ce mouvement et donner une énergie en plus pour un monde plus responsable et consciencieux à l’égard de notre environnement.

Nous sommes aujourd’hui dépendants de notre routine quotidienne qui nous assure un salaire confortable à la fin du mois. C’est un cercle vicieux qui nous a détaché des liens si précieux que nous autre humain avons toujours eu avec mère nature. Je souhaite à tous que vous retrouviez ce lien par n’importe quelle méthode. Pour ma part c’est le surf qui me permet d’y arriver et de conduire les gens vers une vie qui renoue avec nos valeurs perdues. »

Damien Gaillet

Vous voulez découvrir le travail de Greg et lui demander conseil ? Vous pensez à vous faire une planche de surf sur mesure ou vous êtes intéressé par le savoir-faire des shapers ? Allez faire un tour sur le site de Greg Williams ou prenez directement contact avec lui.

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