Bientôt un nouvel Hymne national pour la Suisse

• 14 août 2015

Changer d’Hymne national ?

Quoi ? Mais ça va pas la tête. « Pas touche aux valeurs helvétiques ancestrales ! » s’écrient déjà les patriotes mélomanes. Pourtant, l’idée n’est pas nouvelle. En fait, notre Hymne national n’a jamais fait l’unanimité. Et oui, dès l’institution du Cantique suisse comme hymne officiel en 1961 – oui, oui, c’est pas si vieux – le gouvernement a fait face à de nombreuses pétitions et contrepropositions musicales, avant comme après son intronisation définitive en 1981 – ouais, c’est vraiment pas vieux.

En 2014, la Société suisse d’utilité publique (SSUP) a lancé un nouveau concours visant à soumettre au peuple un hymne plus “moderne“. Parmi les 208 propositions musicales collectées, le jury du CHymne – le fameux concours – en a retenu 6. Après un premier tour de vote des internautes, il n’en reste aujourd’hui plus que 3 en lisse.

Mais pourquoi changer d’Hymne national ? Parce qu’il est dépassé, trop vieux, trop compliqué et ne correspond plus aux valeurs actuelles de la Suisse ? Parce que 50 ans après son introduction officielle, à peine 3% des Suisses sont capables de le chanter de A à Z et que près de 90% de la population pédalent dans le yogurt après les 2 premières strophes ?

L’équipe Rosti revient sur l’histoire et les valeurs louées à travers notre Hymne national avant de vous proposer un petit florilège musical des versions les plus décalées du Cantique suisse. Sourire garanti. Si vous ne pouvez pas attendre, rendez-vous directement au dernier paragraphe !

Une prière nationale

Oui, notre Cantique suisse renvoie à la beauté des paysages alpins, indissociables de l’image de notre pays. « Sur nos monts quand le soleil, annonce un brillant réveil ». Le cadre est posé. Mais – pour ceux qui connaissent la suite – de quoi fait-on vraiment l’éloge ensuite ?

L’Hymne national est fondamentalement religieux. Oui c’est une prière directement adressée à Dieu – qui est d’ailleurs nommé 7 fois en 40 strophes – que nous chantons tous les 1er août depuis 1961. Etonné ? Il faut savoir que c’est à un pasteur vaudois du 19ème siècle, Charles Chatelanat, que l’on doit la version francophone du Cantique suisse – inspirée du texte allemand écrit par le poète zurichois Leonard Widmer en 1840.

Mais si la Suisse reste bien une nation chrétienne, nous vivons actuellement dans un pays hautement multiculturel dans lequel plus de 20% de la population est “sans confession“. Ça donne à réfléchir.

Quel hymne pour quelle identité ?

N’est-t-il pas le moment d’adopter un hymne qui reflète la société suisse d’aujourd’hui dans toute sa diversité sociale, culturelle et spirituelle ? C’est en tout cas ce que défend la SSUP qui, depuis 1810, « œuvre pour la solidarité au sein de la société civile et l’intégration des divers groupes de personnes ».

Pas question pour autant d’oublier nos valeurs helvétiques. Pour son concours, la SSUP a en effet encouragé les participants à s’inspirer du Préambule de la Constitution fédérale acceptée en 1999 (qui, s’il commence par « Au nom de Dieu tout puissant ! », résume bien les valeurs essentielles de notre société) tout en invitant à se poser la question du message et de l’identité helvétique que notre hymne devrait transmettre.

Liberté, démocratie, indépendance, paix, solidarité, diversité, respect, équité ; tels sont les valeurs que le Préambule de notre Constitution défend. Or ces valeurs sont quasi inexistantes dans notre Hymne national. De quoi inspirer les 208 participants au concours CHymne ! Jusqu’au 6 septembre, vous pouvez voter pour les 3 œuvres finalistes, à écouter dans les 4 langues nationales.

Entre exaspération et fierté nationale

Changer d’Hymne national a-t-il du sens ? Est-ce nécessaire ou inutile ? La question pourrait bien être soumise au peuple ces prochaines années. Et les débats sont loin d’être terminés. Entre fierté nationale, sentiments patriotiques, rires, gène, énervements et indifférence, tout le monde ressent (ou pas) une ou plusieurs émotions différentes en entendant l’Hymne national.

Et vous, vous en pensez quoi ?

A quoi sert un Hymne national ? Quel message devrait-il transmettre ? Notre Cantique suisse doit-il uniquement continuer à « servir à la défense spirituelle d’une nation chrétienne », comme s’insurgent les partisans d’un nouvel hymne, ou faut-il y élargir son propos aux valeurs essentielles de la Suisse ? La force d’un Hymne national réside-t-elle dans son atemporalité et sa constance ou dans sa capacité à refléter la société dans sa diversité et renforcer la cohésion nationale ?

Vos commentaires font avancer la Suisse. Rostigraben lance le débat.

L’Hymne national revisité

Chose promise, chose due. En attendant l’adoption potentielle d’un nouvel Hymne national, l’équipe Rosti a déniché pour vous une sélection de versions atypiques de notre cher Cantique suisse.

Puisqu’on fête ces jours les 200 ans de l’entrée du Valais dans la Confédération, honneur à ces deux Valaisans et leur hymne d’apéro revisité. Et voilà ce que ça donne 4 heures plus tard, accoudé au comptoir. Pas convaincu ? Bon, retour aux instruments traditionnels avec un accordéoniste passionné, une boîte à musique d’époque et une orgue de fête foraine.

Bon jusque-là, ça va. Passons à quelque chose de plus… exotique ! Pourquoi ne pas donner une teinte balkanique à notre Hymne national ? Ou un côté plus jazzy ? L’humoriste suisse Karim Slama nous propose encore une version orientale qui contraste bien avec celle, bien plus électrifiante, de Paul Quadri ou celle toujours bon enfant d’Henri Dès.

Et pour le prix de l’originalité « made in Switzerland », ne manquez pas l’incroyable performance de Jean Duperrex. Mythique ! Et vous avez même les paroles en karaoké pour vérifier vos bonnes connaissances (ou pas) de notre Hymne national.

Alors, vous en dites quoi ? Laissez vos commentaires et donnez-nous votre avis sur vos versions préférées.

L’équipe Rosti

Photo de Pierre Schwaller

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