Les nouveaux concurrents de l’industrie pharmaceutique

• 9 décembre 2014

Et si on prenait des nouvelles de l’industrie pharmaceutique ?

L’année 2014 est marquée par un chiffre clé: plus de 50% des docteurs sont déjà « connectés ». Une douche froide pour plusieurs géants de la pilule !

Essayons donc de décrypter les coulisses d’un virage à 180° que les entreprises pharmaceutiques sont contraintes de prendre aujourd’hui.

Si l’on connaît l’industrie pharmaceutique pour quelque chose, c’est bien pour sa régulation ! Normal, me direz-vous, car ce sont, sous la surveillance de l’Office fédéral de la santé, nos assurances, donc notre argent, qui se chargent de rembourser en partie les médicaments qui nous sont administrés. Et la commercialisation de nouveaux médicaments sur le marché ces dernières années a provoqué des effets désirables ou indésirables selon les goûts. En effet, les récentes dispositions légales qui ont été mises en vigueur dans le domaine de la santé publique suisse se sont complexifiées et poussent aujourd’hui les équipes commerciales à devoir inventer des stratégies de plus en plus poussées pour transmettre leur message. Ces derniers éprouvent eux-mêmes de plus en plus de difficultés à s’y repérer.

De l’autre côté, les marketeurs font leur job comme des avocats. Pire, les agences de communication sentent encore plus l’hôpital que leurs clients ! Rajoutez à cela un monde de plus en plus numérique pour nos médecins et l’arrivée de nouvelles industries externes au domaine qui tentent d’éduquer elles aussi les patients à consommer différemment. Vous voyez où je veux en venir ? Toujours pas ?

À ce rythme-là, les géants industriels de la pharma vont tout simplement louper le rendez-vous dans l’usage des nouvelles technologies et des nouveaux services pour interagir avec leurs patients En effet, ces derniers se battent entre eux sur la réduction du coût de production de médicaments concurrents, une situation qui se termine sous dans l’impasse, et la différenciation par la qualité produit par l’entreprise en poussant machinalement des messages scientifiques en 2 minutes ne fonctionne alors que peu. Surtout que l’attente est ailleurs. Qu’ils soient professionnels de la santé ou patients, la recherche de valeur ajoutée se concentre désormais dans la couche de services et de la transmission d’information.

Pourtant, les pharmas s’y sont mises, mais leur lourdeur de fonctionnement fait que le monde a déjà changé quand leurs programmes de support patient ou d’information maladie sortent sur le marché !

Qui peut faire bouger ce statu quo ?

Mieux encore, qui est déjà en train de le faire ? Inutile d’aller chercher très loin. Après les jeunes.com, c’est au tour des géants comme Google, Facebook ou Apple de s’y mettre et leur liste de nouveaux produits innovants, services ou contenus dédiés à la santé se rallonge chaque mois.

Les pharmas y voient donc ici une menace. Non pas dans le business model, mais dans la peur que des intermédiaires vont revendre demain des informations importantes pour mieux comprendre et définir le marché. Imaginons, si Apple, via à son iWatch, lance son propre programme de suivi patient permettant de détecter l’apparition d’une nouvelle maladie, les usagers n’installeront alors plus 10 applications concurrantes couvrant ce même besoin. L’ombre du scénario qui s’est abattu sur l’industrie du télécom plane alors sur les pharmas ! Et c’est à bataillon et renfort d’experts, de budgets et d’efforts que certaines s’y mettent et décident de devenir innovantes.

Imaginez la situation. Il s’agit de rompre avec des décennies de rigueur et créer du contenu sur des supports médias comme Facebook et Twitter tout en respectant la législation mise en vigueur. Un challenge, oui, mais la tâche n’est pas impossible !

A la lecture des organes de régulations comme la FDA, l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux, ou l’ABPI, l’Association de l’industrie pharmaceutique anglaise, nous constatons une réelle volonté de cadrer ces nouveaux canaux de communication et de services pour créer un environnement propice à tous les acteurs. C’est le dernier rempart pour les acteurs de la pharma. Le jour ou les géants du web comprendront toutes les facettes de ce marché régulé, j’ai peur de revoir l’épisode de Nokia se reproduire avec cette fois-ci un Google qui absorbera un laboratoire.

J’extrapole, mais imaginez que certaines discussions sont sur la table afin de permettre aux médecins de prescrire des applications mobiles, ces dernières ayant un impact sur l’adhérence au traitement. La machine est donc en route et les plans marketing des labos sont en pleine effervescence en cette fin d’année.

2014, plus qu’une autre année, aura soulevé pour la première fois un véritable coup de froid parmi les équipes marketing. La bataille pour connaître ses clients et les besoins de ses patients a déjà commencé. Souvenons-nous que celui qui survit n’est pas forcément le plus gros, c’est celui qui s’adapte à son environnement, comme le soufflait Darwin.

Alors, la Suisse deviendra-t-elle un « Jurassic Park » rempli de labos-dinosaures ou deviendra-t-elle l’une de ces bio-valleys les plus innovantes au monde grâce à la présence de ses grands laboratoires pharmaceutiques qui auront su s’adapter ?

Réveillons-nous à temps !

Haider Alleg

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