« Quant », la voiture électrique qui roule à l’eau salée

• 13 mars 2016

Une voiture pour Poséidon

A l’eau ?! Non mais Allô quoi, une voiture qui boit la tasse ? Si si, vous avez bien entendu ; c’est bien de l’eau qui propulse la Quant. Cette voiture au moteur pas comme les autres ouvre en effet de nouvelles perspectives dans le domaine automobile en matière d’énergies renouvelables. Conçue en Suisse, dans le centre de recherche de NanoFlowcell AG, par une centaine d’ingénieurs, la Quant a récemment été homologuée sur les routes européennes.

Mais comment ça fonctionne ? Si les 4 moteurs de la Quant n’ont rien de révolutionnaires — à part le fait qu’il y en ait un par roue ! — c’est leur système d’alimentation qui est inédit. Il s’agit d’une combinaison de batteries et de piles qui utilisent l’électrolyse à partir de deux liquides ioniques pour générer de l’énergie par oxydoréduction. Heu… comme l’impression d’avoir loupé l’exam de chimie ? Pour mieux comprendre, il faut regarder sous le capot.

La Quant cache deux énormes réservoirs contenant chacun 200 litres d’eau salée. Malheureusement, elle ne fait pas encore le plein d’eau de mer ; il s’agit d’une solution contenant des sels métalliques. Mais la façon de produire de l’énergie est originale. Un réservoir est chargé positivement, l’autre négativement. Une pompe aspire les deux liquides qui s’échangent alors des particules (ions) dont l’énergie est captée par une membrane conductrice qui sépare les deux réservoirs. Et cette énergie alimente les moteurs.

Une technique des années 70 pour une capacité de stockage record

Le principe de ces batteries à flux utilisé par NanoFlowcell n’est en fait pas si inédit puisqu’il a été développé par la NASA, déjà dans les années 1970. La grande innovation, c’est la batterie « redox », dont les capacités de stockage dépassent de 40% les performances de la fameuse Tesla Model S — et oui, Elon Musk (PDG de Tesla) peut avoir des sueurs froides.

Plus légère et moins volumineuse que ces cousines au lithium, la batterie développée par NanoFlowcell AG peut emmagasiner jusqu’à 120 kWh. Elle offre ainsi à la Quant une autonomie de 400 à 600km, selon le type de conduite. Un record pour une voiture électrique.

Et pour la recharge ? Deux options. Les plus patients brancheront leur batterie dans une prise (compter environ 4h). Histoire d’être un maximum renouvelable, NanoFlowcell propose même de recharger les batteries grâce à l’énergie solaire ou éolienne. Et pour les plus pressés, il suffira de faire le plein de liquide électrolytique. En gros, on évacue l’eau « déchargée » et on la remplace par une eau “chargée“ grâce à une pompe à double embout.

Une voiture de sport éco-friendly ?

Question pollution, la Quant est plutôt clean puisqu’elle ne produit absolument pas de CO2. La propulsion électrique apparaît donc comme une solution intéressante étant donné que le secteur automobile est responsable de ¼ des émissions mondiales de CO2. Et même si la Quant ne fait pas le plein d’eau de mer, les sels métalliques utilisés ne sont pas toxiques. Du coup… on pourrait carrément se baigner dans son moteur !

Bref, la Quant aurait toutes les qualités ! du moins… son moteur. Car question design et performances, les concepteurs n’ont pas vraiment cherché la simplicité. Avec ses 5,25m de long, ses portes papillon, ses 2,3 tonnes et ses 920 chevaux ! , la Quant e-SportLimousine est plutôt ce qu’on appelle une grosse berline sportive.

Une voiture qui se veut “écolo“ a-t-elle besoin de passer de 0 à 100km/h en 2,8 secondes ? On peut se poser la question. L’objectif de NanoFlowcell n’est cependant pas de commercialiser cette voiture là mais plutôt de l’utiliser comme une vitrine des performances dont sont capables les nouvelles technologies. Du coup, autant en mettre plein la vue non ?!

L’entreprise espère néanmoins commercialiser son dernier petit bijou technologique : la Quantino, un SUV de 109 chevaux, dévoilée en exclusivité mondiale au Salon de l’Auto de Genève 2016.

Un pas de plus vers de nouvelles solutions

Une chose est sûre, il faudra attendre encore quelques années avant que la Quant se démocratise. Avec un coût estimé à quelques 1,2 millions d’euros, la voiture électrique de NanoFlowcell reste pour l’heure un bijou peu accessible. Mais les technologies qu’elle utilise devraient ouvrir la voie à de nouvelles idées en matière de développement de batterie.

De plus, la technologie de NanoFlowcell a toutes les chances de trouver des applications dans d’autres domaines que l’automobile. Nunzio La Vecchia, directeur technique et PDG de l’entreprise, imagine déjà un monde où les avions, les trains et les bateaux fonctionneraient à l’oxydoréduction. Et vu l’évolution des technologies ces dernières décennies, l’utopie n’a jamais été aussi proche de la réalité.

Reste à améliorer le gros point faible : optimiser l’électrolyse pour diminuer le volume d’eau nécessaire à la production d’électricité. Car 400 litres d’eau par voiture pour 600km/h, ça reste lourd et volumineux. Mais nul doute que NanoFlowcell n’est pas prêt de prendre l’eau de si tôt !

Damien Gaillet

 

 

 

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