Ça vient d’ici ? Oui, d’ici même !
A l’heure des supermarchés toujours plus grands, des fruits et légumes toujours plus voyageurs et des viandes parfois douteuses, il y a des petites étincelles qui peuvent faire briller les yeux des consommateurs jusqu’alors insatisfaits.
L’une d’elle est sans aucun doute la plateforme interactive « D’ici-Même ».
Trois jeunes entrepreneurs de Genève se sont lancés dans ce charmant projet depuis mars 2014 : créer sur la toile un marché de denrées alimentaires locales et variées, redistribuées en ville de Genève chaque semaine.
Aux origines du projet
Sophie, Daniel et Franziska se rencontrent durant leur bachelor en relations internationales à Genève. Tous trois s’engagent dans différents masters autour du globe, que ce soit à Genève, Hong Kong ou Madrid. Leur chemin se croise à nouveau quelques années plus tard et cette fois leur route s’unit sous un nom similaire, celui « D’ici-Même ».
A l’aube de leur projet, explique Sophie, il y a l’inspiration d’un organisme français appelé « La ruche qui dit oui » : la même éthique et la même logique participative en fond de toile, mais une adaptation au territoire suisse et aux spécificités du pays est nécessaire pour que le projet s’inscrive réellement dans son temps et dans son lieu.
Puis, 16’000 francs leur parvienne grâce à la plateforme suisse de crowdfunding « we make it », une belle source d’encouragement pour nos trois entrepreneurs de l’époque.
C’est alors que le projet « d’ici même » se concrétise, la page internet se développe, la voie est enfin ouverte.
Du « bien d’chez nous »
Du pêcheur d’Hermance au fromager de Cartigny, de l’apiculteur de Jussy à la ferme de Bernex, les produits proposés sont bels et bien de la région. Et plus que cela, ils sont tous rattachés à des labels tels que Bio Bourgeons ou Production Intégrée (IP Suisse). Travaillant localement et respectueuse de l’environnement, que demander de plus à cette jeune pousse ?
Et pourquoi ne pas aller chercher ses victuailles directement au marché, dans un endroit chaleureux, en ville par exemple ?
Rendre au marché sa convivialité
Comment le système D’ici-Même fonctionne?
Lorsque le jour pour faire ses courses est arrivé, le consommateur se rend donc sur le point de vente qui lui a été annoncé préalablement. Puisque oui, c’est avec l’esprit libre qu’il peut rejoindre le marché. Son choix de produits ayant été pré-établi sur la plateforme internet, son panier est joliment préparé avant même d’être arrivé sur place. La mine joyeuse, il ne résiste alors sûrement pas à la dégustation proposée, au verre gentiment offert, au concert surprise ou aux mots plein de savoir-faire d’un producteur régional.
Au lieu de tourner en rond dans un centre commercial aussi fade qu’inintéressant, de piocher des légumes sans vie, de slalomer anonymement entre les acheteurs pressés, il pourra alors prendre son temps, prendre son pied, savourer la vie de son quartier et repartir le cœur léger mais le panier lourd de bons produits, des aliments d’ici même, c’est sûr.
Une invitation à rejoindre l’équipe
Pourquoi le collectif « D’ici-Même » se réserverait-il le seul droit de pouvoir ouvrir et tenir des marchés en ville alors que d’autres pourraient tout aussi bien le rejoindre ?
En effet, la proposition est simple : inviter tout à chacun à devenir tenancier, c’est-à-dire à ouvrir son propre marché « D’ici-Même », à le décorer, à l’animer, en bref, à lui insuffler la vie, que ce soit à Genève, à Lausanne ou dans n’importe quelle autre ville de Suisse.
Le projet est donc voué à se développer ailleurs dans le pays, car c’est avant tout une autre manière de concevoir la consommation alimentaire qui est ressentie dans les propos de Sophie lorsqu’elle parle du concept « D’ici-Même ».
Faire ses courses autrement, se nourrir autrement, vivre autrement.
Parce que la façon dont nous consommons ne leurs convenait plus, les trois genevois ont voulu réagir et faire bouger la Suisse à leur manière.
Comment? En prônant le respect de l’environnement, une coopération avec les producteurs régionaux, la vie sociale des quartiers, mais aussi la promotion d’un revenu supplémentaire pour le tenancier et donc concevoir d’une manière différente le salaire et le travail. Pourquoi ces deux éléments devraient-ils nécessairement être uniques et stables alors qu’ils pourraient être pluriels et variés ?
Ainsi, à travers un filet de féra fumé du lac Léman, il est désormais possible de remettre en question certains aspects de notre société, et de ressentir dès aujourd’hui ce qu’il est possible de faire demain.
Nos 3 entrepreneurs viennent de participer au concours IDDEA de la ville de Genève qu’ils viennent tout juste de remporter!
Comment les soutenir autrement? Commencez à faire vos achats sur leur site dici-meme.ch et n’hésitez pas à les suivre sur Facebook.
Aurélia Heiniger
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