Caroline, la Romande qui fait tomber la barrière de rosti

• 11 mars 2015

Grüezi Caroline !

Denens, dans la campagne morgienne. C’est dans ce village de 679 habitants que Caroline Graf, romande, 24 ans, a grandi. Si elle y retourne régulièrement pour passer du temps avec sa famille, elle préfère vivre aujourd’hui de l’autre côté de la barrière de rosti. Comment a-t-elle fait le pas ? Pourquoi Goethe plutôt que Molière ?

Après avoir terminé son bachelor en Management à l’Université de Lausanne, hors de question pour elle de poursuivre son cursus universitaire dans la capitale olympique. L’envie de découvrir d’autres contrées, d’autres langues (au sens littéral, entendons-nous !) et de dépasser les frontières culturelles est trop forte. C’est ainsi qu’elle s’envole pour la ville qui a fait tomber l’une des plus grandes barrières culturelles et idéologiques… Berlin bien sûr !

5 mois à manger des currywurst dans l’effervescence générale, une expérience de vie qui a conforté son envie de poursuivre son Master dans une ville où on parle l’allemand : « J’ai adoré la ville, la mentalité, les galeries d’art et les bars alternatifs. Et j’aime aussi beaucoup l’allemand. Attirée par l’excellente réputation de l’Université, c’est depuis là-bas (ndlr : Berlin) que j’ai décidé de m’inscrire pour St-Gall ! ».

Un allemand au top, un nouveau réseau professionnel ; voilà le bilan que tire Caroline de ses deux années de master passées à St-Gall. Mais l’envie de découvrir, toujours, d’autres villes alémaniques taraude encore la jeune diplômée qui entend bien maitriser les différents accents de notre première langue nationale. Elle commence donc par le Züritüütsch !

Le début d’une nouvelle vie, « auf Deutsch »

Après un voyage de 4 mois en Asie accompagnée d’une amie, elle décide de s’installer dans ce pôle économique, financier, scientifique et artistique qu’est Zurich : « Déjà avant de partir, j’avais commencé à chercher des entreprises sur Zurich. Je savais que je voulais travailler là-bas car pas question de rentrer sur Lausanne, ou Genève dès maintenant. J’adore l’allemand et Zurich est une grande ville très à la mode. Ce sont principalement les opportunités de carrières qui m’y ont amenées ».

Elle est aujourd’hui consultante en SEA. Wie bitte ?! En « Search Marketing Advertising », le marketing appliqué aux moteurs de recherche. Facilement intégrée dans l’équipe germanophone grâce à sa compréhension (passive^^) du suisse-allemand, “Karoline“ est plus qu’épanouie ! Mais elle note toutefois que les clichés ont la dent dure ! Et qu’ils sont en partie vrais :

« Les Romands sont beaucoup moins précis et organisés, on parle beaucoup plus entre nous pendant qu’on travaille et on rigole plus. Les Alémaniques gardent une certaine distance (rien que le fait qu’ils serrent la main pour dire bonjour) et n’étale pas leur vie au téléphone dans le tram par exemple ».

Des clichés que Caroline veut dépasser ! Bien oui, parce qu’elle entend bien faire bouger la Suisse en traversant la barrière de rosti ! Mais comment ? En répondant à la campagne de pub lancée par « Médias suisses » demandant aux gens de passer un message à la Suisse. Caroline y publie sur leur site « Les röstis sont ma spécialité. #Röstigraben ». Un slogan qui plaît et qui lui vaudra d’être publiée dans le 20 Minutes, le Femina et dans le journal de la Migros – ça c’est de la punchline (les Experts Manhattan n’ont qu’a bien se tenir) !

Une lutte contre les clichés qui passe également par le dialogue et les relations amicales qu’elle entretient aujourd’hui avec ses collègues de travail et ses amis restés en terre francophone. En tentant de faire connaître la Suisse-allemande à ses potes romands et la Suisse-romande à ses freunde allémaniques, elle leur fait si bien oublier la barrière de rosti que certains de ses amis d’enfance pensent sérieusement à s’installer à Zurich !

Malheureusement, dans les faits, la barrière de la langue demeure. Un obstacle pour tou-te-s les romand-e-s qui ont séché les cours d’allemand durant leur scolarité.

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Alors comment franchir la barrière du rosti et faire avancer la Suisse ?

Oui, c’est vrai, la barrière linguistique reste présente et freine souvent la mobilité des Suisses. MAIS… des solutions, plutôt simples à mettre en place, existent !!!

Caroline, quelles sont les idées qui te viennent en tête ?

« Premièrement, promouvoir les échanges d’école entre la Suisse allemande et romande. Améliorer le système d’apprentissage des langues, car on n’apprend pas l’allemand en 8 ans à l’école. Faire que les gens communiquent plus entre eux. Un de nos acteurs nationaux comme la Migros pourrait par exemple développer une campagne qui unifie la Suisse en créant des binômes romand/allémanique en faisant interagir les gens entre eux. Ou encore élaborer des reportages inspirés par « le Mayen » où les gens vivraient de l’autre côté du Rostigraben. C’est également dommage qu’aucune chaine de télé bilingue/trilingue avec des émissions communes à tous n’existent encore. … On peut trouver encore plein d’autres idées ! »

On espère que nos politiques en prendront note! Et en attendant… Bossez votre allemand car la Suisse mérite d’être explorée ! Et au-delà des clichés, romands et alémaniques, on aime tous les rostis !

Merci pour ton enthousiasme Caroline !

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Camilla Barbezat

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