Julien Kolly, un Romand qui expose l’art de la rue à Züri

• 18 août 2015

Des métros new-yorkais à la galerie zurichoise

Le graffiti, ce n’est pas de l’art, mais des gribouillis tracés par des vandales à qui les parents n’ont jamais dit qu’il fallait arrêter de peindre sur les murs durant l’enfance. Comme tout mouvement artistique, le graffiti a eu son lot de critiques, voire même un peu plus que les autres. La polémique de base, l’illégalité, mais les temps changent ! Aujourd’hui, on part à la découverte d’un Fribourgeois qui travaille à changer les mentalités, en faisant passer les artistes de l’illégalité de la rue au monde de la galerie, pour mettre d’accord tout le monde : le graffiti, c’est un art !

Retournons un peu dans le passé pour comprendre cette évolution. Le graffiti débarque dans les années septante à New York, principalement sur les métros ; un support en mouvement permettant de faire voyager son message, son œuvre ou son nom dans la ville. Une solution innovante quand internet n’en est qu’à son balbutiement. Et cet art va très vite s’étendre au monde entier. L’entrée du graffiti dans les galeries américaines remonte aux années quatre-vingt, avec entres autres Keith Haring où Jean-Michel Basquiat, qui passent de la rue aux salles d’exposition. Mais cela reste exceptionnel.

Le graffiti et le Street Art sont devenus très populaires depuis deux décennies. Qui n’a jamais entendu parler de Banksy, qui collabore d’ailleurs dès 2002 avec le prestigieux MoMA à New York ! En Suisse aussi le milieu du graffiti a fait des émules très rapidement, mais il reste longtemps confiné à la rue. Et puis Julien Kolly arrive et décide qu’il était temps de permettre à ces artistes d’être exposés en salle dans notre pays, en ouvrant la première salle d’exposition spécialement dédiée au graffiti ! Les supports ont évolué et les artistes travaillent – généralement – sur des cadres, ils se mettent même à la sculpture, il n’y a donc – généralement – pas besoin de repeindre la salle d’expo à chaque reprise !

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Un entrepreneur jamais à court de solutions

Julien Kolly est un galeriste fribourgeois de 36 ans. Non, ce n’est pas une personne qui galère, mais bien un entrepreneur hyper actif. Après des études à l’université de Fribourg en Sociologie de la communication et des médias, il galère quand même pour trouver un stage. Mais qu’importe, Julien a des idées plein la tête. Sa solution, ouvrir sa propre agence de communication en 2005 : vingtneuf degres.

Le Fribourgeois est passionné de graffiti depuis 1991, lorsqu’il découvre les trains suisses bariolés de noms en couleurs. Appareil de photo au cou, il part à la recherche de ces artistes de rue dans toute la Suisse et s’entretient avec chacun d’eux, mais il ne veut pas s’en arrêter là ! En collaboration avec le théâtre Nuithonie, à Villars-sur-Glâne, qui lui met à disposition une salle d’exposition, il fonde sa première galerie en septembre 2006 : GT29. Son agence de communication déjà existante s’occupe des frais, sous la forme de sponsoring. Deux ans plus tard, il ouvre à Yverdon-les-Bains une nouvelle galerie, La grille, avec un objectif louable : aider les artistes qui font face à la crise économique. Au lieu de prendre des commissions sur les ventes, le système est basé sur l’autofinancement. C’est-à-dire ? L’artiste exposé offre un visuel qui, exploité sous forme sérigraphique, est vendu par la galerie au prix de 80 CHF. Cette galerie perdurera cinq ans, avant d’entamer une nouvelle aventure de l’autre côté du Rostigraben.

Direction Zürich en 2014, une ville connue pour son univers artistique très prolifique, pour installer la nouvelle Kolly Gallery. Cette nouvelle aventure ne se fait pas à la légère : une année de préparation et un coach en business sont nécessaires pour mettre en place son projet. Un investissement personnel qui est donc autant financier que temporel.

« Le business coach me permet d’avoir une vision externe du marché de l’art. Je dois allier le côté artistique et le côté business. Je suis obligé de vendre pour faire vivre ma galerie. »

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Mais comment fait-il ?

Comme la plupart des jeunes entrepreneurs, la plus grande difficulté pour Julien a été le financement. C’est pourquoi il a mis en place pour chacune de ses galeries un système de financement spécifique. Un entrepreneur qui a donc des idées pour développer ses projets et soutenir les artistes.

Pour faire avancer la Suisse, il faut être inventif et avoir une grande ouverture d’esprit, selon lui. Sa technique de sélection des artistes est intéressante : pour avoir la chance d’être exposé, il est primordial que les émotions qui ressortent des œuvres soient positives ! Pas de place à la frustration, la haine ou la douleur à la Kolly Gallery ; on en ressort donc plus heureux qu’en entrant, cool !

À la différence de l’art dans la rue, qui est la plupart du temps éphémère et peut disparaître – après un jour comme après des années – Julien offre une pérennité à cet art. Il souhaite que la Suisse puisse rester un refuge pour la création et les créateurs ! Mais l’essor n’est pas facile pour les artistes suisses, qui restent souvent dans l’underground ; la plupart des graffeurs travaillent à côté pour subvenir à leurs besoins.

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Julien, un petit coup de cœur à partager ?

Thierry Furger ! N’hésitez pas à cliquer sur le lien pour découvrir son travail.

Il est temps de partir à Zurich pour découvrir cette galerie qui, comme l’art de rue, offre des expositions éphémères. La prochaine se consacra à trois artistes, Naomi Petcher, Kay-Steve Anliker et Pablo Wünsch-Blanco et se déroulera jusqu’au 29 août prochain.

Images : 1.MKREA ; 2, 3 & 4. Marco Prosch

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