L’histoire d’un expatrié suisse actif dans le domaine de la migration au Niger

• 26 août 2015

Du Nord vaudois au Niger en passant par l’Amérique Latine

Aujourd’hui, direction le Niger et sa capitale Abuja … ah non, ça c’est le Nigeria ! Une confusion qui arrive souvent aux oreilles de notre expatrié du jour. Une petite piqûre de rappel ?

Le Niger est un pays africain – et non la traduction anglaise du Nigeria – se trouvant au nord de ce dernier, avec comme capitale Niamey. L’ONU considère le Niger comme l’un des pays les moins développés au monde et, avec l’instabilité régionale, la situation ne semble malheureusement pas prête de s’améliorer.

Notre expatrié, Régis Blanc, est né dans le Nord vaudois où son père a retapé une vieille ferme avec un ami dans les années 80. Il migre à 15 ans en direction de la ville de Lausanne. Durant sa scolarité, Régis n’est pas un enfant très studieux. Service militaire terminé, il part en Équateur. Un premier voyage hors de l’Europe qui va commencer sur les chapeaux de roues. Deuxième jour sur place, braquage à l’arme à feu ! Une simple anecdote pour Régis qui finit par tomber amoureux du continent latino-américain. Même pas peur ! Il y retournera, après son service civil, pour effectuer un voyage de 5 mois à travers le continent

Effectuer des cours de répétition au sein de l’armée, très peu pour Régis, qui décide de faire du service civil. Et, bien lui en a pris, car il va y découvrir son domaine de prédilection : l’asile et la migration. Son service civil, il l’effectue au sein du Forum International Médias Nord Sud, avec le journaliste Jean-Philippe Rapp, puis, au sein de l’Établissement vaudois d’accueil des migrants, à Crissier. Ses études sont donc toutes tracées : Bachelor et Master en Science politique à l’université de Lausanne avec un travail de mémoire focalisé sur … la migration. Plus exactement, sur les requérants d’asiles déboutés qui travaillent dans l’économie informelle ; Régis semble devenir studieux !

En route pour Niamey

Durant ses études, Régis continue de travailler avec Jean-Philippe Rapp au sein de la boîte de production Pushkar. Un travail passionnant traitant de documentaires sociaux et qui va lui permettre de voyager à trois reprises au Niger. Il rencontrera sur place des personnes travaillant dans la coopération internationale. Régis continue d’acquérir de l’expérience dans son domaine, par un stage à l’Observatoire romand du droit d’asile et des étrangers. Mais il s’implique aussi personnellement !

Il accompagne des migrants, qu’il héberge chez lui à la maison ou qu’il aide au niveau administratif. Finalement, il obtient un contrat de six mois, en tant que consultant, pour la Direction du développement et de la coopération suisse (DDC) au Niger, dans l’objectif d’ouvrir les pistes dans le domaine de la migration. En effet, ce sujet n’est pas encore exploré à un niveau local, car le travail dans ce domaine à la DDC se fait à un niveau plus global depuis le Bénin. Une nouvelle aventure entre exploration et prospection :

«La migration au Niger est cyclique, ou saisonnière, car la population qui migre, en plus d’être jeune, part principalement travailler dans les pays voisins puis retourne au pays. Ceci car le changement climatique et la démographie galopante ont un fort impact sur les ressources des Nigériens qui dépendent majoritairement de l’agriculture. Il faut donc réfléchir à la migration non pas de manière négative et restrictive, mais positive. La migration existe depuis la nuit des temps et est un moyen de faire face à la vulnérabilité.»

Migrant cyclique, c’est un peu ton cas Régis, non ? La situation au Niger est plus que tendue, son image dans l’actualité est principalement liée aux attaques de Boko Haram dans la région. Parler avec Régis de ce pays, ce n’est pas comme lire les journaux. Bien qu’il fasse part de l’inquiétude face à la radicalisation et aux risques d’attentats, son discours est principalement basé sur ses rencontres et son travail de terrain.

« Le domaine de la migration, un sujet d’actualité très important, de plus en plus politisé, qui implique fortement l’émotionnel en y travaillant, il faut réussir à se détacher, ce qui n’est pas évident ».

Et la Suisse dans tout ça

Son travail sur place est lié à la Suisse, car il agit sur le développement et la coopération au Niger grâce à l’infrastructure et le financement de la Confédération. La Suisse est reconnue dans ce pays pour travailler de manière bilatérale avec le gouvernement dans ses projets, et non pour implanter des projets de l’extérieur ; un aspect qui apporte à notre pays une bonne réputation. Mais c’est aussi au travers du bon travail de terrain qu’effectuent ses employés que son image positive a été forgée.

D’un autre côté, c’est en voyageant aussi loin que Régis a remarqué que les États qui nous entourent, c’est-à-dire ceux de l’Union européenne, ont une vision plutôt négative de notre pays. Principalement liée à l’image du paradis fiscal, d’un pays fermé face à l’immigration, «et le scandale de la FIFA n’a pas redoré notre blason !» . Régis semble lui aussi perturbé par l’esprit fermé d’une partie de la population suisse. On lui demande souvent pourquoi il préfère travailler au Niger plutôt qu’en Suisse. Sa réponse semble claire : sans ignorer que la Suisse a aussi des problèmes, il est primordial pour lui d’aller aider des pays qui sont plus dans le besoin.

Montrer l’importance du travail de la Suisse à l’étranger, voilà un aspect que Régis aimerait partager à notre population, afin que cette dernière s’ouvre plus. Régis espère poursuivre son travail sur place pour une nouvelle période de six mois. L’objectif serait d’explorer plus en profondeur la question de la migration, en l’intégrant dans les activités de la DDC. Le but est de chercher des solutions en valorisant la migration et en sortant d’approches restrictives :

« La restriction fait le jeu des passeurs ». On espère reparler de toi à la fin de ton nouveau contrat pour que tu nous expliques les évolutions!

Basile Bucher

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