Le Hublot Design Prize 2016 met Christophe Guberan sur orbite

• 9 octobre 2016

Un soutien pour la relève

En 2015, pour marquer la première décennie de sa collection phare Big Bang, la marque horlogère basée à Nyon n’a pas voulu se reposer sur ses lauriers. En effet, elle a plutôt décidé de miser sur l’avenir en lançant son prix de soutien aux jeunes designers internationaux : le Hublot Design Prize, doté d’une manne de 100’000 francs suisses.

Le jury de la seconde édition de 2016 rassemble Pierre Keller, ancien directeur de l’ECAL, Marva Griffin Willshire, directrice du Salone Satellite de Milan, Ronan Bouroullec, ponte français du design mondial avec son frère Erwan, les époux Simon et Michaela de Pury, dont la réputation sur le marché de l’art n’est plus à faire ainsi que Lapo Elkann, héritier Fiat et designer italien reconnu.

Un tel panel ne pouvait manquer de ne présenter que des candidats de haut vol et ce sont huit finalistes qui ont pu présenter leurs travaux dans les locaux de la manufacture. À ce stade, chaque designer a proposé un solide portfolio qui dénotait un parcours aux multiples réalisations reconnues mondialement : Julie Richoz et ses luminaires édités par les danois Poulsen et Yota Kakuda dont le mobilier en bois prend forme par l’imbrication de pièces, pour n’en citer que deux.

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Une démarche expérimentale

Au final, c’est la démarche expérimentale de Christophe Guberan, diplômé de l’ECAL et notamment lauréat de la bourse Leenaards 2014 et du Prix suisse du design 2016, qui a séduit les jurys. Cette vision de l’expérimentation du Vaudois a été primée et elle s’inscrit dans une vision innovante qu’Hublot soutient par cette récompense.

Lapo Elkann souligne ce choix du lauréat par sa « capacité à imaginer le futur mais aussi inventer des choses qui peuvent être mises en œuvre par les acteurs du marché. » En effet, la vision de ce jeune designer est claire : selon lui, « les designers d’aujourd’hui doivent s’emparer des nouvelles technologies et les intégrer dans leur atelier. »

A l’instar d’Adidas et du designer Alexander Taylor qui prônent une approche « future craft », il est nécessaire de dépasser le simple fait de faire recours à certaines techniques uniquement à des fins de communication. Le rôle du designer se situe bien à la confluence des techniques innovantes ainsi que des besoins de clients : « expérimenter manuellement les possibilités qu’offrent les avancées technologiques permet de démocratiser ces dernières » rajoute Christophe Guberan.

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L’intérêt des entreprises

Les travaux de Christophe avaient déjà été remarqués par un professeur du MIT Massachusetts Institute of Technology de Boston. Hydro-Fold était le fruit d’un détournement d’une imprimante pour contrôler le dépôt d’eau sur une feuille de papier calque. Le résultat est bluffant : un passage de la 2D à la 3D grâce aux fibres du papier qui se rétractent sous l’effet du séchage de l’eau.

Ces investigations ont ensuite débouché sur des collaborations plus précises avec le Prof. Tibbits au même MIT, notamment sur l’application de ces techniques d’impression 3D pour la déformation du bois par l’eau (ce qui intéressé des marques de mobilier), du silicone sur textile (ce que des fabricants de chaussures ont repéré) ou encore du carbone par la chaleur (ce que l’aviation pourrait utiliser).

« L’approche aux Etats-Unis est radicalement différente de celle en Europe, explique-t-il, les Américains se lancent à fond dans une idée qui ne serait pas considérée comme assez aboutie chez nous. » Cela pose entre autre l’épineuse mais nécessaire question du transfert de technologie : quelles seront les futures applications de ces recherches ? Le jeune designer veut encore plus intégrer cette vision dans sa démarche.

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L’avenir passe par l’innovation

Au final, Christophe ne renie pas ses racines qui l’ont d’abord vu commencer comme apprenti dessinateur d’architecture avant de se réorienter vers le design industriel. Cela lui a permis de se rapprocher d’une échelle d’objets qu’il affectionne plus particulièrement. Cependant, il voit dans les nouvelles innovations technologiques une source intarissable d’inspiration et de débouchés possibles. Ces dernières n’apparaîtront qu’au prix d’un labeur intense d’expérimentations et d’essais.

A propos des imprimantes 3D par exemple, il confie : « Il me paraît nécessaire de pouvoir montrer des voies d’utilisation, d’entamer une démarche plus créative à partir des applications classiques de ces outils. Cela peut passer par le hacking ou encore la collaboration avec des ingénieurs afin de développer mes propres machines. » Impression en cours.

C’est pour cela que le jeune créateur a récemment été embauché pour mener un workshop à l’ECAL pour transmettre cette façon d’envisager le design, entre nouveaux procédés et techniques novatrices. Nul ne doute que cette approche est un terreau fertile pour l’innovation au sens large, et le domaine doit s’en réjouir !

 

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