Une ombre bicéphale
Sa silhouette se distingue parmi toutes les autres. Pas parce qu’elle est rehaussée de 10 centimètres par des roulettes mais plutôt parce qu’on dirait qu’elle a deux têtes. Une ronde et une carrée. Une tête carrée, vraiment ? Mais non, voyons ! Il s’agit seulement de Geoffroy Dubreuil et sa caméra qu’il trimbale toujours sur l’épaule ! Ouf !
Ce Lausannois, originaire de Meinisberg dans le canton de Berne, a toujours eu deux passions : le roller et la vidéo. Et ça fait quelques temps qu’il tient le pari de vivre de son art… Réalisateur, caméraman, monteur et bien sûr rider, Geoffroy est un touche-à-tout autodidacte qui ne manque pas de créativité pour immortaliser les moments forts de sa vie et de celle des autres. Des manifestations sportives aux défilés de mode en passant par les documentaires, les teasers et les spots publicitaires, le Vaudois s’est fait un nom dans le milieu des vidéastes indépendants suisses.
Mandaté depuis plus de 4 ans, Geo couvre notamment l’ensemble des événements suisses pour la marque aux montres-bracelet, Swatch. Mais l’artiste a bien d’autres cordes à son arc – ou plutôt, d’autres objectifs à sa caméra. Coup de projecteur ! Il nous raconte aujourd’hui son parcours, ses projets, ses envies.
Pour rien au monde, je ne ferais autre chose
Fasciné par les prouesses des adeptes de roller, Geoffroy survole le bitume depuis tout petit et a passé autant de temps sur les skateparks que sur les bancs d’école. C’est vers 14 ans que le Vaudois commence à tourner ses premières vidéos, filmant ses potes en train de rider et de déconner comme seuls savent le faire ceux qui partagent la culture de la glisse.
Et si l’artiste s’est aujourd’hui spécialisé dans l’événementiel, il touche aussi à l’économie. Après son gymnase à Morges, Geoffroy s’exile en Australie avant de faire un bachelor en HEC à Lausanne. « Ça m’a plu. Mais HEC, c’est pas un métier » sourit-il. Alors après avoir obtenu son diplôme, il s’est crée son propre job à travers le réseau qu’il s’était construit autour de lui. Car en Suisse, le milieu de la vidéo fonctionne d’abord au bouche-à-oreille. « J’ai bossé deux ans et demi sans site et sans pub ».
À force d’arpenter les skateparks, Geoffroy a produit de nombreux films pour des manifestations sportives regroupant aussi bien le roller que le BMX ou le longboard. Et via le réseau de riders, le Lausannois s’est aussi mis à filmer des activités comme la sérigraphie et le « street art ». C’est ainsi qu’il rencontre un « pote d’un pote » et que son réseau s’agrandit petit à petit, les mandats se diversifie et que ses travaux vont jusqu’à toucher à l’horlogerie et la pharmaceutique, tout en gardant un pied dans l’événementiel sportif.
« J’adore ce que je fais. Pour rien au monde, je ferais autre chose ».
Un réseau d’indépendants qui fait avancer la Suisse
La Suisse compte de nombreux vidéastes talentueux. Mais faute de grandes entreprises et de studios de production d’un niveau supérieur aux clubs-vidéo amateurs, ceux qui veulent percer dans le milieu audiovisuel s’exilent bien souvent à Paris, Londres ou Los Angeles. Alors pour lutter contre l’exode des artistes suisses, Geoffroy et ses collègues tentent de se rassembler autour de grands projets communs pour prouver que la Suisse a les moyens de faire aussi bien que ses voisins. Geo, tu nous expliques ?
« On essaie de montrer qu’il n’y a pas besoin d’aller à l’étranger pour créer des projets de qualité. On peut rester en Suisse. Le réseau est là, les gens sont là. Mais il n’y a pas beaucoup de projets d’ampleur qui restent dans le pays. Il faudrait que les entreprises suisses fassent davantage confiance aux indépendants présent sur leur marché. C’est qui est super dans le milieu de la vidéo en Suisse, c’est que le réseau n’est clairement pas coupé par le Rösti. Les images parlent d’elles-même. »
On aime.
« Ok, la barrière de la langue existe. Mais le métier que je fais est un métier de passion. Et quelle que soit la langue, la passion qu’on a, on la partage ! » s’enthousiasme Geoffroy.
Objectif Lune
Entre les vidéos qu’il réalise pour le collectif de roller dont il fait partie et ses voyages en Afrique, en Asie ou en Islande, Geoffroy vit avec et à travers ses objectifs. Et l’investissement personnel et la passion qu’il voue à la vidéo lui font vite oublier ses nuits blanches et ses journées de 15h de boulot.
Et sinon, des projets perso ?
« Faire de gros projets, c’est sympa mais les projets plus petits permettent de toucher à tout, de la réalisation à la production. C’est aussi important de garder des projets personnels car chaque projet sur mandat implique des contraintes en terme de couleurs, de musique et de contenu. Alors je prends aussi le temps d’expérimenter, de tester des choses différentes qui ne me rapportent pas d’argent. Ce qui compte, c’est de faire quelque chose qui nous plait et d’apprendre de nouvelles choses. »
Son prochain délire ?
Le Vaudois devrait prochainement se lancer dans un projet de vidéo sur le roller dans la cité lausannoise, sur ses pratiquants et l’influence que peut avoir l’environnement urbain sur ce sport qui tend à perdre en visibilité. En attendant, on lui laisse le mot de la fin.
« J’ai l’impression qu’on vit une belle époque où beaucoup de choses sont possibles. Il y a beaucoup de jeunes qui se mettent à leur compte. Les gens ne veulent plus simplement se poser dans une boîte. Les jeunes veulent plus que de l’argent, ils veulent une expérience, ils veulent vivre quelque chose à travers leur travail. »
Pour soutenir les jeunes aventures entrepreneuriales de Geoffroy et ses vidéos, n’hésitez pas à le contacter directement par email ou Facebook.
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