Voici l’histoire de Teo et ses toilettes écolos

• 16 mars 2015

Grâce à Teo Borschberg, les Chinois ne tirent plus la chasse

Quoi ? Mais c’est dégueu cette histoire ! Et d’abord, pourquoi les Chinois n’auraient pas besoin de tirer l’eau après leur pipi ? Attendez avant de juger, on va vous expliquer…

Installé à Shanghai depuis 3 ans, le jeune entrepreneur suisse s’est lancé à la conquête d’un business plutôt insolite : les toilettes ! Mais pas n’importe lesquelles.

Soucieux des problématiques environnementales et conscient que l’eau est aujourd’hui devenue une denrée précieuse, Teo Borschberg juge qu’il est grand temps de multiplier les toilettes de nouvelle génération qui ne nécessitent plus une seule goutte d’eau – mais qui garantissent la même hygiène que des toilettes “traditionnelles“. Une nouvelle technique qui permet d’économiser 150’000 litres d’eau par année, et par urinoir ! De quoi abreuver 200 Chinois par année. Ça donne soif !

Entrepreneur dans l’âme, le Nyonnais part à la conquête de la Chine où il co-fonde avec son ami belge l’entreprise Goodmedia qui installe des urinoirs 100% secs munis d’un écran LCD. Une façon d’épargner de l’eau et de communiquer en face à face – aux pissoirs ;) – avec la jeune population branchée de Shanghai. Mais comment un p’tit Suisse en arrive à vendre des chiottes en Chine ?

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Une histoire de culture(s)

Fruit d’un père suisse et d’une mère turque, Teo Borschberg grandit à Nyon mais effectue de nombreux séjours dans le pays de sa maman. Ouvert et sensible aux autres cultures, il prend très vite goût aux voyages et à la découverte d’autres façons de vivre. A 18 ans déjà, il s’exile pour huit mois dans une “petite“ ville chinoise de quelques millions d’habitants, entre Hong Kong et Dongguan, pour y faire un stage en entreprise. Un séjour aussi laborieux que surprenant. « Ce temps passé en Chine m’a offert des belles prises de conscience sur le monde et surtout sur mon petit “moi“ ».

De retour en Suisse, Teo rejoint l’Ecole hôtelière de Lausanne, 4 ans de plaisir ! Ben oui, parce que le bourlingueur a réussi à concilier études et stages à l’étranger. Il s’embarque d’abord pour Istanbul puis Shanghai où les premières idées entrepreneuriales commencent à germer sous son chapeau.

Mais le voyage qui le marquera le plus reste son séjour à Pune, en Inde. Il y passe un mois et demi dans une “académie de philosophie“ où il étudie “l’art de vivre“. « Cela m’a ouvert beaucoup de curiosités sur les cultures et anciennes pensées d’Asie – surtout Chine et Inde –, ce qui a renforcé ma décision de continuer à découvrir ce coin du monde (la Chine) après mes études. »

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JERRYANG, Flickr, CC BY-NC-ND 2.0

Maîtriser les codes du business chinois

Débarquer en Chine sans parler un mot de mandarin, sans n’avoir ni réseau ni contacts sur place peut paraître complètement absurde voire suicidaire pour qui entend y monter un business. Mais avec de bonnes idées et une volonté infatigable d’apporter sa contribution au développement du pays, Teo constate que les Chinois vous tendent très vite la main et vous aiguille dans la bonne direction – à condition de maîtriser les codes nationaux du business.

« Au début, il était parfois difficile de gérer au quotidien l’environnement extérieur, l’accès difficile à l’information, les erreurs et les incompréhensions liées aux différences de culture. » Mais Teo ne s’est jamais découragé et a toujours cru à son projet. De quoi convaincre ses clients chinois ».

Pisser dans la bonne direction

Il faut dire que la bonne idée, Teo était sûr de la tenir. Installer gratuitement des urinoirs écolos dans des clubs, des bars et des restos branchés de Shanghai et se réserver un petit encart publicitaire sur le dessus des pissoirs, le concept de Goodmedia est plutôt bien pensé ! Car non seulement ça permet d’économiser des millions de litres d’eau chaque année mais ça donne aussi un truc à lire quand on fait son pipi. :)

Et l’entrepreneur ne manque pas d’idées innovantes pour adapter la pub à ces espaces hors du commun. Par exemple, une marque de chaussures demande à la fin du spot publicitaire « Et vous, quelle taille vous faites ? », s’adressant à celui qui a la braguette ouverte. Ses toilettes ont ainsi trouvé preneurs. Bravo Teo !

Des toilettes qui font avancer la Suisse ?

« Mes amis chinois restent choqués quand je leur raconte que nous nous douchons et faisons nos besoins dans de l’eau qui est aussi bonne que l’Evian ! ». C’est clair, question eau potable, en Suisse, on est servi. Mais disons que nos nombreux lacs, glaciers et rivières rendent ce privilège possible. Reste à en avoir conscience.

Une autre idée pour faire bouger les choses au Pays du Gruyère ?

« Il y a un sujet qui me révolte : la honte de l’échec. J’ai l’impression que planter un projet entrepreneurial ne fait que renforcer la conviction des Suisses conservateurs qui n’aiment pas les prises de risques et l’esprit d’aventurier mais qui adorent plutôt critiquer ceux qui essaient. Pourtant, l’échec n’est qu’une étape vers le succès. La peur de l’échec bloque tellement d’entrepreneurs qui rêvent de se lancer dans une aventure qu’ils n’osent plus. C’est pourquoi je rêve d’une Suisse qui félicite l’échec et le courage plutôt qu’elle ne les critique. »

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Très inspiré par le projet « Solar Impulse », piloté par son père André et son collègue Bertrand, Teo Borschberg constate que, bien souvent, il faut dépasser ses doutes et ses craintes, se lancer et tenir tête à de nombreux sceptiques avant de parvenir à faire accepter ses idées novatrices.

C’est donc aussi en passant pour un fou qu’on devient un pionner et qu’on fait avancer les choses ! A bon entendeur… :)

Damien Gaillet

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