Nicolas Durand et Abionic, diagnostic d’une start-top

• 7 octobre 2015

Une start-up aux 1000 trophées

La santé est un domaine qui attire de plus en plus les start-up suisses et ce n’est pas pour nous déplaire, on va bientôt tous finir centenaire. Le classement 2015 des start-up suisses a d’ailleurs bien mis en lumière ce constat, en récompensant un grand nombre de jeunes entrepreneurs du monde médical toujours plus innovants.

L’équipe Rosti a rencontré un de ces entrepreneurs, un des fondateurs les plus en vue dans le milieu. Sa jeune pousse figure depuis 5 ans dans le Top 100 des start-up suisses, depuis 4 ans dans le top 10, depuis 3 dans le top 3 et a réussi à monter sur la deuxième marche du classement en 2015 pour sa dernière année éligible. Elle détient le record suisse du nombre de prix gagnés avec plus de 20 trophées; vous l’aurez peut-être reconnu, c’est Abionic. Son créateur, Nicolas Durand, nous explique aujourd’hui  qu’il « est plus facile de rentrer dans le classement que d’y rester ». On lui tire notre chapeau.

Nicolas, notre entrepreneur du jour, est un Lausannois passionné de mathématiques et de robotique depuis son plus jeune âge : sa carrière est toute tracée, il intègre l’EPFL. Master en poche, Nicolas passe à l’étape supérieure avec un doctorat, qu’il désire accomplir de façon plus pratique que théorique, il rêve déjà au monde des start-up. Il s’intéresse dès lors à vouloir révolutionner l’écoulement des fluides dans les nanocanaux. Durant sa thèse, il a besoin de compétences spécifiques qu’il trouve dans un autre cerveau, celui d’Iwan Märki. Après quelques mois, les deux docteurs semblent compatibles professionnellement et décident de fonder Abionic.

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La nanotechnologie au service du patient

Comme beaucoup de grandes idées, l’étincelle surgit dans un contexte tout différent pour Nicolas, après quelques loopings à Europa Park. Paf ! Suite à une phase de recherche sur la faisabilité, le potentiel et la concurrence du projet, place à la pratique avec Iwan. Le plan en place, direction l’Institut des brevets pour protéger le concept. La boîte est fondée en 2010 et plus de 15 collaborateurs y travaillent depuis, accompagnés par des stagiaires en quête de frissons. Sans aucune expérience de l’entrepreneuriat, les deux compères se lancent dans l’aventure avec comme technique d’apprentissage le terrain !

Et cette idée alors ? De quoi s’agit-il ? Grâce au développement d’une nanotechnologie révolutionnaire, les diagnostics médicaux, qui prennent un temps fou en laboratoire, deviennent ultra rapides. Les produits d’Abionic permettent, avec une goutte de sang, d’effectuer en 5 minutes chrono un diagnostic personnalisé des allergies. Leur appareil de diagnostic, « l’abioSCOPE », est le seul du marché permettant d’avoir des diagnostics aussi rapides, aucune concurrence n’existe à leur niveau. Bourré de tonic, Abionic a commencé à vendre ses produits de diagnostics des allergies aux professionnels de la santé et la start-up se transforme ainsi en PME : « Nous ne sommes plus dans la phase du bricolage dans les garages et l’objectif est de devenir une multinationale ». La preuve ? En vidéo sous ce lien.

Eh oui, Abionic voit grand et vise les différents marchés en Europe, mais aussi aux États-Unis ! L’objectif par la suite est de proposer des diagnostics pour des maladies. Abionic s’est d’ailleurs associé trės récemment avec Lascco dans le but de faire un diagnostic du sepsis. Abionic ne développe pas les molécules elle-même, l’entreprise laisse ce travail aux grandes pharma. Comme nous l’explique Nicolas de manière imagée : « Nous avons développé un ordinateur et ce sont les autres qui font les logiciels. Avec chacun son savoir, la collaboration prend tout son sens. »

Une démocratisation de la machine pour les non professionnels est un objectif sur le très long terme. Non dans un but d’automédication, mais bien pour guider les gens vers les endroits appropriés afin de mieux se soigner.

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Alors Nicolas, nos start-up sont-elles bien entourées et soutenues ?

Oui, mais… Selon Nicolas, la Suisse devrait donner plus de force et de poids à l’innovation, car bien que nous soyons au top – par exemple au nombre de brevets déposés – peu d’argent de l’économie réelle est investi dans l’innovation. Les plus grandes boîtes de technologies dans le monde ne sont pas Suisses, la dernière en date est Logitech, il y a 30 ans. Selon lui :

« Il ne faudrait pourtant pas grand-chose pour en avoir d’autres. La Suisse a besoin d’investissements financiers réels dans ce domaine et d’une vitrine pour ses talents et ses succès. Il est très difficile de trouver de l’argent pour les start-up, surtout au départ car les gens ont peur d’investir dans les start-up à la différence des États-Unis. »

Une autre problématique mise en avant par Nicolas est la coupure grandissante entre la Suisse et l’Europe. Un aspect qui pénalise les jeunes entrepreneurs qui recherchent des fonds au sein de l’U.E. et doivent faire face à des quotas. Néanmoins, Nicolas démontre qu’une des grandes forces en Suisse est liée à l’aide et au soutien pour la mise en place des start-up. Une chance dont Abionic a pu profiter, avec des programmes réputés tels que Venturelab, Genilem, Innovaud ou via l’EPFL.

Abionic est un véritable ambassadeur du savoir suisse à l’étranger, qui permet d’exposer la concrétisation industrielle de la technologie. Et ceci, comme Nicolas le dit, tout en montrant que notre grande innovation se développe non pas en sous-payant ces travailleurs, mais grâce à un savoir-faire de très haute qualité, des talents, des bonnes écoles et de l’innovation.

Alors, si vous aussi vous désirez vous lancer dans un tel projet, n’hésitez plus et laissez-vous porter par vos ambitions.

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