Dans une bulle

Durant ses 18 premiers printemps, elle a vécu dans une bulle. Une bulle remplie de sons magiques produits par une danse aussi acrobatique que maitrisée de ses mains au-dessus de 52 touches blanches et 36 noires. Une bulle qui la coupe du monde extérieur mais la rapproche du monde intérieur des plus grands compositeurs classiques. Une bulle aussi pleine de rigueur que d’amour pour la musique. Une bulle où elle se sent heureuse.

Véritable accro du piano, Mélodie Zhao a vécu quasiment toute son enfance scotchée derrière son clavier. Mais depuis quelques années, cette Sino-Suissesse a pris goût pour les concerts en public à travers lesquels elle laisse éclater toute sa virtuosité au grand jour, pour le plus grand plaisir de nos oreilles. À seulement 21 ans, cette enfant-prodige s’est déjà construit une carrière de musicienne carrément impressionnante.

L’année passée, la pianiste a enregistré les 32 sonates de Beethoven (un « petit » coffret de 10 CDs) ainsi que les 2 premiers concertos de Tchaikovsky, interprétés avec l’Orchestre de Suisse romande – ah ouais, quand même. Et il ne s’agit là que de la pointe de l’iceberg vu les centaines de partitions qui se sont succédées sur son lutrin durant sa vie. Mélodie nous raconte aujourd’hui son parcours de musicienne qui a débuté dès le berceau.

Une vie bercée par la musique

Mélodie. Quel prénom mieux choisi pour une fille de violoniste, petite-fille d’une danseuse de ballet et d’un trompettiste et chef d’orchestre ? Depuis que ses cordes vocales ont vibré pour la première fois – et sûrement même avant – Mélodie est bercée par la musique. C’est en entendant son cousin de 8 ans jouer du piano que la petite, alors âgée de 2 ans et demi seulement, se jure de devenir pianiste et demande à ses grands-parents de lui donner ses premières leçons.

« Depuis lors, j’ai d’abord étudié en Chine auprès de plusieurs professeurs qui ont toujours su me donner goût à la musique et l’envie de travailler. Puis à 9 ans, en revenant vivre en Suisse avec mes parents et ma petite sœur, j’ai intégré la classe de Mayumi Kameda au Conservatoire de Genève. Quatre ans plus tard, j’ai été admise à la Haute École de Musique de Genève dans la classe de Pascal Devoyon, avec qui je me perfectionne actuellement à l’Université des Arts de Berlin. »

Jouer du piano est donc loin d’être un simple « passe-temps » ou un « gagne-pain » pour Mélodie. La musique constitue sa façon à elle de s’exprimer et d’évoluer, son moyen de trouver sa place dans la société. « Je considère ma rencontre avec la musique comme la plus grande chance de ma vie » sourit-elle. Après avoir obtenu son Bachelor à Genève, à 14 ans déjà, la pianiste décroche son Master à 16 ans.

L’ivresse de la scène et des studios

« Les concerts ont frappé à ma porte très tôt dans mon adolescence. Après avoir donné mon premier grand récital à 10 ans, j’ai été petit à petit invitée à jouer en soliste avec des orchestres à travers l’Europe et la Chine. J’adore jouer sur scène. J’y donne toujours tout, comme si c’était mon dernier concert. J’aime émouvoir les gens par l’incroyable musique des génies que j’ai la chance d’interpréter, et les rendre heureux par les pages que je compose. »

Car Mélodie interprète et compose avec un talent incontestable. Nommée « Soliste du Pour-cent Culturel Migros » entre 2009 et 2012, elle a pu mangé des petits fours – et aussi se produire en concert – dans les prestigieuses salles du Victoria Hall de Genève, du Tonhalle de Zurich, du Kultur-Casino de Berne ou encore au Stadt-Casino de Bâle. Miam.

Et à côté de sa carrière de concertiste, Mélodie a enregistré plusieurs œuvres. Depuis son premier CD sur lequel elle interprétait les 24 Études de Chopin à 13 ans déjà, la pianiste a réalisé les 12 Études d’exécution transcendante de Liszt avant de s’attaquer à deux monstres de la musique, les grands – voire énormes – Beethoven et Tchaikovsky.

Jouer pour rassembler

Née à Genève, Mélodie est – comme elle le dit en souriant – une artiste « 100% made by foreigners but Made in Switzerland ». Impossible de passer à côté de ses origines chinoises si vous la voyez sur scène. Mais si elle maîtrise aussi bien le chinois que la musique, son français trahit tout de suite la vraie Gruyèrienne qu’elle est. Non tetcheu !

« Je suis fière et chanceuse de pouvoir non seulement parfaitement intégrer les sociétés si contrastées de mon pays natal et de mon pays d’origine, mais en plus de pouvoir servir de pont entre les deux cultures à travers mon art de prédilection. Mes parents œuvrent passionnément depuis une trentaine d’années déjà pour stimuler les échanges culturels entre la Suisse et la Chine. Et j’espère être sur la bonne voie pour m’associer à leur travail. »

La musique est un langage universel. Et Mélodie le maîtrise parfaitement. C’est ainsi qu’elle s’est donnée deux défis à relever dans la vie.

« Je veux agir pour que les jeunes de la nouvelle génération découvrent la musique classique sous un angle ni savant, ni ennuyeux, mais qui parle au cœur. Car chacun a droit à l’émerveillement. C’est pourquoi j’ai créé la « International Music Masters Association » pour offrir des prestations de grands musiciens au public suisse à prix abordable. Et je travaille dur pour gravir des échelons afin de représenter une Suisse toujours plus importante au sein du vaste univers artistique. »

N’hésitez pas à suivre Mélodie Zhao via son site ou sa page Facebook.

Crédits photos : 1. Gregory Batardon, 3. Philippe Pache & 4. Francois Wavre

Vive la musique, vive les ponts culturels, vive les mélodies.

L’équipe Rosti

Vous aussi, contribuez sur Rostigraben. Partagez cet article ou parlez-nous de vous et nous écrirons votre histoire qui fera avancer la Suisse.