Master Innokick, le premier Master interdisciplinaire de Suisse

• 15 septembre 2016

Une grande première

On a tous un(e) ami(e) (ou plusieurs) qui ne sait pas quoi faire de sa vie. Mais d’un autre côté on a aussi ces personnes (et dieu sait si elles sont nombreuses) qui sont impliquées et douées dans tellement de domaines, que le fait de devoir choisir un chemin de vie unique dans lequel s’investir à cent pour cent est vécu pour elles comme un ultimatum.

Imaginez la frustration de devoir choisir entre trois formations dans lesquelles vous êtes sûr de pouvoir vous épanouir, qui plus est, dans des domaines dont vous êtes passé maître, mais qui, une fois réunies, comptabilisent à elles seules plus de onze ans d’études… plutôt plombant comme perspective.

C’est à cette problématique qu’ont décidé de répondre deux enseignants, en créant le premier cursus suisse menant à un Master HES interdisciplinaire et professionnalisant, le Master Innokick.

L’union fait la force

Ce fut suite à un projet de développement de produits en 2007, ayant réuni l’ECAL, et la HEIG-VD, que jaillit, dans l’esprit de deux habitués du secteur de l’enseignement, l’idée de lancer un Master mêlant plusieurs disciplines complémentaires dans le domaine de l’innovation intégrée. C’est avec le temps, les efforts ardus pour faire valider le projet et l’alliance de Nathalie Nyffeler et Luc Bergeron, qu’est lancée en 2015 la première volée d’étudiants aspirants au Master Innokick. Le but de ce projet : former des jeunes afin de les préparer à travailler dans des processus d’innovation.

Si le Master Innokick en « Integrated Innovation for Product & Business Development » a vu le jour, c’est d’abord en réponse à un besoin des entreprises d’avoir dans leurs effectifs personnel mieux qualifié en matière de développement interdisciplinaire de produits et services innovants. En effet, comme le fait remarquer Nathalie, responsable de la filière MSc Innokick, les formations disponibles en Suisse offrent toutes des compétences intéressantes d’un point de vue pratique en entreprise, cependant, pour faire de l’innovation, il faut pouvoir mêler la créativité, la flexibilité d’esprit et des compétences de gestion. Ainsi naîtra l’idée de faire fusionner les trois secteurs de compétence qui, selon les fondateurs du Master Innokick, sont les fondamentaux pour amener l’innovation dans le domaine du développement de produit : Design & Arts Visuels, Ingénierie & Architecture et Economie & Services.

Ce programme permet, en plus d’ouvrir de nouvelles perspectives aux étudiants des différentes filières, de répondre directement aux besoins des entreprises d’obtenir des managers agiles, proactifs professionnellement et innovants. Pas mal quand on veut lancer sa boîte après son Bachelor.

L’apprentissage par le projet

Luc insiste sur le fait que cette formation se veut la plus concrète possible. C’est pourquoi il affirme être un fervent partisan de « l’apprentissage par le projet ». Au sein de ce cursus, tout est centré sur l’expérience et l’étude de cas réels, tels que la future vie professionnelle des étudiants leur en fournira. La formation sait allier harmonieusement enseignement théorique académique et expérience pratique. Voici comment tout se passe :

Pour commencer, cinq groupes réunissant les différentes disciplines sont créés au sein de la volée. Puis, chaque groupe est confronté à un challenge professionnel réel. Les étudiants réalisent ensemble des projets divers, mêlant tous les aspects que représente l’innovation intégrée, avec un suivi continu et un encadrement permettant la concrétisation rapide des idées.

Ces projets sont principalement portés par des PME, des laboratoires scientifiques et des start-up, issus de partenariats stratégiques conclus avec diverses entreprises et acteurs de soutien à l’innovation en Suisse. Parmi elles, Logitech et l’Aéroport de Genève. Nathalie trace cependant un portrait mitigé de la Suisse quant à son capital innovation :

« Heureusement ou malheureusement pour nous, nous avons une chance insolente en Suisse, car nous vivons à un haut niveau de confort. Pourtant, le confort n’amène pas l’innovation. Ce qu’il faut pour aider la Suisse dans ce sens, c’est, au-delà d’accepter l’échec, d’accepter de prendre des risques. C’est pourquoi notre mission en tant que professeurs est de sortir les étudiants de leur zone de confort. »

Selon les fondateurs, les ressentis des élèves et les résultats de ce mode d’apprentissage sur leur appréhension du monde professionnel sont plus que probants.

« La différence avec les autres formations entrepreneuriales vient du fait que le master Innokick est interdisciplinaire. Cela lui donne une force supplémentaire, car les étudiants sont mieux outillés pour leur avenir, notamment parce qu’ils sont formés à amener un changement ciblé et concret, directement depuis l’intérieur de l’entreprise. »

Une philosophie en phase avec son temps

Au-delà de proposer une formation unique en Suisse, les enseignants partenaires du projet sont tous d’accord pour dire qu’il est nécessaire de réadapter les outils pédagogiques à ce que l’on nomme aujourd’hui la « génération millénium ». Et Nathalie explique notamment :

« Nous avons remarqué que la plupart des étudiants arrivent avec des réflexes issus directement de l’enseignement dont ils ont disposé depuis la plus tendre enfance, à savoir qu’ils ont été entraînés, voire formatés, à tout faire pour fournir LA réponse parfaite à un problème. Cependant, ce que nous attendons d’eux ici est un raisonnement totalement différent, puisque pour faire de l’innovation, il faut comprendre qu’il n’y a pas une bonne ou une mauvaise stratégie, mais différents champs d’explorations pour amener une solution viable.  On va chercher, non pas à donner la bonne réponse, mais à faire en sorte qu’ils se posent les bonnes questions. Le plus souvent, c’est cette phase de « déformatage » qui est la plus complexe à mettre en place. »

Et concernant l’état d’esprit de nos jeunes actuellement ?

Les créateurs du Master Innokick semblent s’accorder sur le fait que les jeunes d’aujourd’hui sont en quête de sens. La grande majorité des jeunes d’aujourd’hui, loin d’embrasser l’idéal de travailler pour la boîte la plus influente possible, cherchent à se rendre utiles à la société par des actes qui comptent et offrent une satisfaction personnelle et sociale.

« Contrairement à ce qui se dit souvent, les jeunes sont de grands bosseurs ; ils bossent à fond. Seulement, il faut pour cela que ce qu’ils font serve un projet créateur de valeur. Si l’on amène une idée qui donne du sens à leur travail, à la société et que ce qu’ils produisent les valorise, ils seront véritablement impliqués et travailleront dur. » raconte Luc.

Ce dernier revient tout particulièrement sur la relation professeur-étudiant et le mode de transmission du savoir que prônent les fondateurs du Master Innokick :

« Durant ce cursus, le professeur n’est pas dans une position de possesseur du savoir absolu. Nous établissons une relation d’égal à égal avec les élèves, car nous sommes tout à fait conscients que les jeunes d’aujourd’hui s’informent très vite et que, parfois, on est même étonné de voir à quel point ils en savent plus que nous sur certains sujets. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes placés dans une dynamique de partage et de transmission. On se construit sur les savoirs des uns et des autres. »

Et Nathalie ne peut que confirmer ces propos :

« C’est une attitude qui valorise le travail de chacun, en créant une cohésion qui vient parfaitement s’intégrer dans l’esprit de connexion et de travail de « réseau » de la génération actuelle ! »

Les fondateurs du Master Innokick Hes-SO en ont donc la conviction ; l’avenir est dans l’intelligence collective. Ils voient en ce programme l’accomplissement de leur vision partagée de la pédagogie de l’avenir. Et vous ? Seriez-vous tentés de vous préparer à lancer votre business ?

L’équipe Rosti

 

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