Nik a ouvert le premier « atelier du bricoleur » de Suisse

• 1 juin 2015

Né en 1988 à Lugano Niklaus Stocker est l’idéateur du premier « atelier du bricoleur » de Suisse qui a ouvert ses portes ce lundi 1e juin à Lamone, dans la banlieue industrielle de Lugano. Sur une superficie de près de 800 m2, cet « openspace » est destiné aux artisans et bricoleurs qui ne disposent ni de locaux propres ni des infrastructures nécessaires à leurs travaux.  Dans cet atelier pas comme les autres, ils pourront travailler le bois, souder, imprimer en 3D, réparer leur voiture, fabriquer des pièces. Comment? En acquérant des abonnements journaliers, mensuels ou annuels qui confèrent le statut de membre.

Niklaus Stocker, Nik pour les amis,  est  un jeune entrepreneur enthousiaste et positif. Il nous accueille dans son « open lab » de la zone industrielle de Lamone, dans la banlieue de Lugano, par une matinée ensoleillée de mi-mai. Il ne manque alors qu’une quinzaine de jours à l’ouverture de son atelier et les travaux avancent fébrilement.  Il s’agit de finir d’installer les machines et autres appareils sophistiqués qui feront de cet espace de 790 m2 le premier « atelier du bricoleur » ou « makerspace »  multifonctionnel de Suisse.  Nik est secondé dans son aventure par son père Klaus, bien connu dans les milieux sociaux tessinois pour avoir fondé l’association « Amici per la vita » (Amis pour la vie) et par un jeune technicien italien en électrotecnique, Marco Pertusini, 26 ans.

Un ingénieur  en aéronautique, passionné de vol acrobatique

«J’ai eu l’idée d’un makerspace  aux  Etats-Unis où je me rends régulièrement pour effectuer des vols acrobatiques » nous explique Nik, ingénieur aéronautique de formation.  Pilote amateur, il est en train de construire son propre avion avec des amis. « Il y a deux ans, j’ai fait un séjour linguistique de six mois en Californie et c’est là que j’ai découvert ces laboratoires entièrement installés afin d’être loués à des artisans et des bricoleurs dépourvus d’espaces et matériels adéquats. Aux Etats-Unis des entrepôts de ce genre existent depuis une dizaine d’années et connaissent un grand succès. C’est pour cela que j’ai pensé adapter ce modèle à notre réalité. »

De retour en Suisse, Niklaus dont la formation complète aurait pu lui permettre de trouver un emploi stable et bien rémunéré a au contraire décidé de tenter l’aventure : « J’ai présenté mon projet à la Fondation Synergia de Lugano, spécialisée dans le soutien aux nouvelles entreprises. Il a été approuvé et la fondation  m’a donc gratuitement mis à disposition un bureau à son siège où j’ai pu développer mon idée et préparer le business plan que j’ai présenté au service cantonal d’aide aux indépendants « Fondounimpresa », précise Nik.

Ricardo Pinto, 36 ans, président de la fondation Synergia qui s’est constituée le 30 juin 2014 pour promouvoir les nouvelles firmes et les insérer sur le territoire tessinois, explique: « les projets que nous examinons sont évalués sur la base de trois critères de sélection, l’innovation appliquée soit la faisabilité de l’idée dans un délai maximal d’une année et demie, l’impact sur l’économie locale et l’éthique d’entreprise c’est-à-dire des salaires corrects et des charges sociales respectées. L’idée de Niklaus Stocker remplissait ces conditions et a donc bénéficié de notre support logistique et d’une aide pour développer la méthodologie et le business plan. »

Financée par quelques entrepreneurs tessinois dont l’architecte mondialement connu Mario Botta, Synergia peut compter sur l’engagement d’une dizaine de bénévoles, souligne son jeune président. « Jusqu’à ce jour nous avons promu environ dix projets sur la huitantaine qui nous ont été soumis » nous dit encore Ricardo Pinto.

Pour ce qui est de l' »atelier du bricoleur », le soutien de Synergia a permis à Niklaus de soumettre une requête de subvention au canton. Dans cette optique, le fonds d’aide aux entreprises « Fondounimpresa » actif depuis 2005 au Centre professionnel de Lugano-Trevano (CPT) a assuré au jeune néo-patron 50 heures de conseil en entreprise à utiliser sur l’arc d’une année. Le « conseiller » de Nik, le professeur en économie Lorenzo Quarenghi raconte: « Niklaus a bénéficié de la loi cantonale sur la relance de l’occupation et sur le soutien aux chômeurs. Je l’ai secondé dans toutes ses démarches administratives et je continuerai à l’assister dans son parcours, pas forcément en étant présent sur place mais aussi en le conseillant à distance » souligne l’économiste tessinois qui considère que l’idée de Nik « est une nouveauté qui peut fonctionner au Tessin, terre fertile pour les artisans et amateurs de bricolage! »

L' »Openlab » de Niklaus et ses associés est divisé en quatre sections spécialisées, celle du bois pour les travaux de menuiserie, charpenterie, ébénisterie, celle du métal pour le fraisage et polissage de pièces, celle technique où il sera possible d’imprimer en trois dimensions et de réaliser des travaux au laser et celle consacrée à la mécanique et mécanique sur automobiles. Bref il y en aura pour tous les goûts. « Nous louerons aussi des étagères, des casiers, des palettes et des espaces pour réaliser un projet de A à Z et nous tiendrons des cours du soir pour préparer nos membres à l’usage des machines et autres appareils, pour élaborer des projets de groupe ou se familiariser avec les nouvelles technologies » souligne le jeune entrepreneur.

L’objectif de Nik, de son papa Klaus et de l’associé Marco est celui d’arriver à 300 membres d’ici la fin de l’année. Trois genres de cartes abonnements sont en vente: annuelle horaire complet pour 2246 francs et horaire réduit pour 1797 francs; mensuelle complète et réduite pour 234 et 197 francs et enfin journalière qui donne accès à l’atelier de 10 à 22 heures pour 70 francs. Les frais mensuels de l’entreprise sont évalués à 30’000 francs environ, il s’agira donc de les couvrir: « nous sommes optimistes conclut  Niklaus Stocker, « même si nous avons créé une offre pour laquelle il n’existe pas encore de demande! »

Gemma d’Urso

Per info: www.openlabgroup.com

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