Jean-Claude Biver, le messie des montres helvétiques qui fait avancer la Suisse

• 18 mars 2015

Mais qui est vraiment Jean-Claude Biver ?

Tout le monde (ou presque) connaît – ou a entendu parler de – Jean-Claude Biver, figure emblématique de la Haute Horlogerie suisse. Un expert en management et marketing qui a hissé Blancpain, Oméga puis Hublot parmi les maîtres horlogers les plus compétents et expérimentés de la planète. Un homme d’affaires et un chef d’entreprise charismatique qui a grandement contribué à faire de la Suisse une référence mondiale de l’industrie horlogère. Un homme fortuné qui ouvre bureaux et boutiques à tour de bras. Un entrepreneur hors normes reconnu et admiré par ses pairs. Un homme honoré par tant de sacres et de prix que son CV s’apparente bientôt à un annuaire téléphonique.

Mais connaissez-vous Jean-Claude Biver, l’infatigable défenseur de l’artisanat et de la passion des mains habiles, le garant d’un patrimoine et d’un savoir-faire helvétique ancestral ? Connaissez-vous cet humaniste qui s’efforce de récompenser le talent plutôt que la rentabilité ? Connaissez-vous le fermier-fromager qui bichonne chacune de ses vaches pour obtenir l’un des meilleurs gruyères de Suisse ? Connaissez-vous le promoteur de la pérennisation des traditions et de l’art des montres mécaniques ?

L’incroyable parcours et la forte personnalité de Jean-Claude Biver l’affublent de maintes épithètes et étiquettes toutes plus honorifiques les unes que les autres. Mais derrière tous ces titres se cache d’abord un homme passionné par le savoir-faire suisse dans le domaine de horlogerie. Un homme proche des autres qui sait donner et récompenser. Un homme fier et amoureux de sa patrie d’accueil, la Suisse, dont il entend bien défendre les valeurs. Somme toute… un bon Suisse !

Rostigraben tente de mettre en lumière la face moins connue du plus suisse des franco-luxembourgeois.

La naissance d’une passion

Né au Luxembourg, Jean-Claude Biver n’a que 10 ans lorsqu’il débarque en Suisse. Après avoir obtenu son diplôme à HEC Lausanne, JC (permettez-nous Monsieur Biver) s’installe sur les rives du lac de Joux. C’est dans ce berceau de l’horlogerie de luxe helvétique qu’il se passionnera pour la mécanique des montres et passe une année entre les murs d’Audemars Piguet, manufacture de haute horlogerie de la vallée de Joux.

Amateur propulsé dans un monde d’experts en horlogerie, JC comprend vite qu’il lui faut saisir la philosophie des artisans pour intégrer cet univers de technique et de précision. Car créer des montres mécaniques, avant d’être un business, c’est d’abord une passion et un savoir-faire exigeant. Cette première année d’expérience sera autant une éducation professionnelle qu’une école de vie.

Le tournant

La fin des années 70 voit l’avènement des montres à quartz, pour la plupart venues du Japon. Délaissée par le grand public, l’industrie horlogère suisse est en crise. Elle doit licencier et cesse d’assurer la relève suisse des maîtres-horlogers.

Face à ce raz-de-marée de modernisation, JC décide pourtant de nager à contre-courant. Avec son ami Jacques Piguet – directeur de la manufacture de mouvements F. Piguet – il rachète Blancpain et balance l’une des punchlines les plus connues du monde horloger : « Depuis 1735, il n’y a jamais eu de montres Blancpain à quartz. Et il n’y en aura jamais ! » – Paf ! Horatio n’a qu’à bien se tenir.

Choisissant de ne pas s’aligner dans ce marché-ci, JC préfère miser sur les bonnes vielles méthodes. Il veut retrouver l’essence de l’artisanat de la montre mécanique, luttant ainsi pour la survie pure et simple d’un art menacé par la modernité. Dix ans plus tard, Blancpain fait 11 millions de bénéfice par année.

Une philosophie traditionnelle et innovante

Fort du succès de sa stratégie antagoniste, JC est sollicité par un autre ami proche, Nicolas Hayek – le PDG de Swatch Group –, qui lui demande de relancer Omega. Une occasion pour JC de faire de l’artisanat helvétique un « must have » des célébrités. Cindy Crawford, Michael Schumacher, Neil Armstrong,… tout le monde porte une Oméga automatique ; même James Bond! Grâce au travail de JC et de tou-t-es les employé-e-s de la manufacture, Oméga dépasse le milliard de chiffre d’affaires à la fin des années 90.

En 2003, JC se donne un nouveau challenge et reprend la direction de Hublot qui devient un véritable laboratoire d’idées innovantes. Partant toujours du savoir-faire traditionnel originel, les montres Hublot utilisent de nouveaux matériaux comme le caoutchouc, le titane ou le carbone. De nouveaux alliages qui permettent, entre autre, de rendre l’or – fusionné à la céramique – inrayable ! Pas mal quand même, fallait y penser. Et encore une fois, JC participe à la construction d’une nouvelle puissance horlogère qui pèse aujourd’hui quelques centaines de millions.

Si les montres automatiques promues par JC ont autant de succès c’est sûrement parce qu’elle fascinent autant qu’elles intriguent. Les montres automatiques sont secrètes puisque, la plupart du temps, elles ne dévoilent pas leur mécanisme. C’est là que réside l’énigmatique et surtout… le rêve ! Voilà ce que JC a bien compris et qu’il cultive pour notre plus grand plaisir.

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Alors JC, heu… Monsieur Biver, avec toute votre expérience, comment faire avancer la Suisse selon vous ?

« Je souhaite surtout pour la Suisse que nous gardions notre soutien à l’entrepreneur.

Que nous continuons à favoriser son éclosion et son succès à travers la formation et la liberté de travail.

Que nos écoles puissent continuer à recevoir les budgets adéquats afin d’avoir la meilleure éducation à tous les niveaux. Que les grandes écoles puissent continuer à faire partie des meilleurs hautes écoles du monde.

Que notre administration soit souple, légère, rapide, agile.

Que notre système fiscal se modernise et s’adapte aux besoins des entrepreneurs et des autres pays concurrents.

Que la paix du travail et la coopération entre le patronat et les syndicats puissent se régler dans le consensus.

Que notre régime politique si particulier basé sur les référendums et le consensus ne suffoque pas sous l’impulsion d’abus à but de “politique politicienne“.

Que la Suisse et les Suisse-sse-s  prennent conscience de leur “Suissitude“ et de ce qui compose la recette du succès de la nation.

Que les Suisse-sse-s soient fier-ère-s d’être suisse-sse et parfois différent-e-s des autres pays.

Que nous continuons à ouvrir nos frontières à la compétence et à l’accueil. »

Merci Jean-Claude Biver pour cette poêlée de bons conseils. Vos souhaits ne tomberont pas dans les oreilles de sourds puisqu’ils s’adressent à tou-te-s les lecteur-rice-s de Rostigraben qui veulent faire avancer la Suisse !

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