Caffettino : l’art et l’histoire d’un café triporté en Suisse romande

• 15 juillet 2015

Le café, c’est du sérieux

On a tous un ami qui ne plaisante pas avec le café. Un ami pour qui le café à l’italienne est le seul digne d’être apprécié comme un breuvage de qualité. Un ami qui tique lorsque la cafetière laissée trop longtemps sur le feu commence à glouglouter ou qui fait une scène au moindre accent mal prononcé quand, plein de bonne volonté, on commande un « espresso macchiato ». Et que dire du café soluble ? Pour certains, les amateurs de ce breuvage « fixfertig » méritent simplement une condamnation immédiate au dernier cercle de l’Enfer. Quand on aime le café, le vrai, on ne lésine pas sur la qualité.

Luca Martino fait partie de ces drogués de l’authentique moka. Pour lui, le café c’est une affaire de cœur et – en italien qui se respecte – une histoire de famille. Partant du constat que l’offre au détail de café de qualité fait défaut dans nos contrées helvétiques, cet informaticien de formation s’est lancé dans une entreprise qu’il veut originale et ambitieuse. Avec son beau-frère Patrick Moreillon, il fonde en 2012 « Caffettino ».

C’est avec la volonté de partager cette passion pour l’espresso et l’Italie de la belle époque que les deux jeunes entrepreneurs prennent la route à bord de leur engin à 3 roues qui ne passe pas inaperçu. Caffettino, c’est un concept construit autour du mythique triporteur Vespa et du barista, véritable ange tutélaire du café qui s’active derrière le zinc entre deux volutes de vapeur. Offrir un bon « caoua » servi par un sommelier professionnel dans des endroits insolites avec toujours cette sympathique ambiance « dolce vita », tel est le pari tenu par Caffettino. Et il semble que ça marche.

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 Retour sur une histoire de café

L’Italie a sans conteste marqué l’histoire du café et véhicule depuis longtemps une image d’authenticité et de qualité pour les amateurs de cette boisson tonifiante aux arômes torréfiés. Mais cette image idyllique de rue napolitaine et de café de campagne cache un petit arrière-goût d’amertume pour qui s’intéresse à la longue histoire des grains de café. Cette obsession pour l’Italie de Fellini, ce culte de l’authentique martelé comme un mantra, a en effet des relents de nostalgie malheureusement trop réductrice.

Si l’histoire désigne bien les Italiens comme les premiers importateurs de café en Europe, ce n’est qu’au début du 17ème siècle que les marchands vénitiens ont développé ce commerce. Loin des stéréotypes et de l’argumentaire commercial d’aujourd’hui, la culture du café appartient d’abord à l’Afrique, et ce depuis la préhistoire. On estime en effet que la boisson tonifiante originaire d’Ethiopie s’est démocratisée dans le monde arabe depuis le 6ème siècle.

Mais l’Europe s’est attribué sans gêne le mérite de produire les meilleurs cafés du monde. À coup de stratégies marketing et de storytelling bien rôdés, l’« âme profonde » de la culture du « véritable » café s’est progressivement déplacé de l’Afrique vers l’Italie. Comme le confirme Luca et Patrick Luca et Patrick, l’authentique café italien, si excellent soit-il, doit bien rendre à ses voisins du sud ce qui leur appartient. Toutefois, il faut aussi laisser à l’Italie le génie de la machine à café. Après la machine à espresso qu’Angelo Moriondo invente à Turin en 1884, c’est à un autre italien qu’on doit la célèbre cafetière moka, brevetée en 1933 par Alfonso Bialetti.

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Une affaire qui roule

C’est ainsi qu’en 2013, les entrepreneurs obtiennent le soutien de Genilem, une association à but non lucratif, dont la mission est d’accompagner la création de jeunes entreprises innovantes en Suisse. Elle leur offre alors trois ans de coaching pour se mettre sur les rails. L’entreprise s’est depuis offert un deuxième véhicule que vous apercevrez peut-être prochainement dans la région lausannoise. 60’000 francs pour équiper un de ces bistrots roulants qui transporte, en guise de percolateur, une réplique authentique de machine italienne des années 60 – excusez du peu.

Loin de se limiter au sobre espresso, Caffettino offre toute une gamme de cafés tirés dans les règles de l’art avec des mélanges spécialement sélectionnés pour leur qualité (grains cueillis à la main et tutti quanti). Et qu’est-ce qu’un café sans aperitivi ? Un des côtés du triporteur est tout naturellement dédié à la vente de pâtisserie et autre finger food.

Cela dit, le « street vending » ne représente que 35% du chiffre de Caffettino. C’est d’abord sur la location de leur triporteur pour des événements privés que Luca et Patrick misent pour développer leur affaire. Et puisque l’époque l’oblige, l’entreprise possède un service de vente en ligne pour qui souhaite acquérir une nouvelle cafetière ou les ustensiles rutilants indispensables pour s’essayer au métier de barista. Voilà qui nous emplit les narines d’un bon arôme de café torréfié et nous transporte vite fait entre deux oliviers et un village de pierre sèche tout en restant en Suisse.

Découvrez la passion de ces entrepreneurs en vous rendant sur leur site internet ou suivez-les sur Facebook.

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